Le but du jeu étant de le refaire aux couleur du char d'un ancien de la db au 501RCC toujours vivant et qui habite pas loin de la maison ! Son char était un M4A2 (diesel) mais modèle très très proche de celui que nous allons refaire (la caisse du notre est un peu plus longue mais bon.... on fait avec ce que l'on a sous la main !!!)
Et voila un passage de son histoire :
HARSTADT 501e RCC 1ère Compagnie
M 4 A2 n° 6 matricule :
420627 Chef de char : Sergent Schamphlaère
Extrait du récit de Pierre Crosnier tireur (c'est la personne qui habite près de chez nous)
1er SEPTEMBRE 1943
Etape Meknès Casablanca
Nous sommes installés sur le plateau d'EI Hank avec vue sur la mer et à proximité d'un énorme terrain couvert de milliers et de milliers de caisses contenant du matériel de guerre démonté et encoconné. Nous allons avoir pour le Régiment un certain nombre de caisses à ouvrir, à en dégager le matériel, le remonter, faire les pleins, le mettre en route, le régler si nécessaire et le roder. Nous allons y trouver tout, sauf les chars: habillement, outillage, nécessaires divers individuels et collectifs, matériel de cuisine, jeeps, 4 X 4 , Command Car, Camions, Canons). C'est extraordinaire !!! Cela fait trois semaines que nous sommes là à utiliser à outrance nos pinces monseigneurs et nos caisses à outils. Plus tard avec le bois des caisses nous aurons ultérieurement à monter notre campement dans la forêt de Témara.
Nous faisons la cuisine avec des réchauds à essence dont le couvercle fait gamelle et correspond au volume d'un plat pour 5 hommes. Les rations Américaines pour chars sont pour un repas d'équipage. Il y a la boite "Dinner" et la boite "Supper". Ces boites cartons sont recouvertes d'une couche de cire résistante à l'immersion. Il y a deux boites par repas. L'une comprend les conserves métalliques l'autre les sachets divers. Les conserves sont : boeuf, petits pois, poulet en gelée, carottes , viande haricots, maïs, saucisses, soja, pomme de terre, fromage. Les sachets individuels étanches comprenaient : sucre, sel, poudre de café, poudre de citron (le fameux lemon-juice) que nous devons additionner d'eau, lait en poudre, confiture. On y trouvait aussi des cigarettes, allumettes, papier W.C. ( appelé papier tout terrain soit p.t.t.) et des préservatifs pour ceux qui le désirent);
Nous devons toucher notre char : ce sera un Sherman M4 A2 N° 420627 avec lequel nous roulerons en France.
L'équipage est formé de :
Chef de char : Sergent A de Schamphlaère dit "le Chou" un Chtimi ancien de 40.
Tireur : Caporal P S Crosnier un breton Ancien de 40.
Mécanicien n° 1 : Chasseur Toupet de Klairwall Parisien.
Mécanicien n° 2 : Chasseur Granier Pierre Parisien
Radio-Chargeur : Arthur Guy
Le nom choisi est "HARSTADT" petit village de Norvège où la Compagnie a débarquée en Mai 1940. "Le Chou" faisait alors partie de la Compagnie comme conducteur de char.
En effet lors du débarquement à Bjervvick, petit port près de Harstadt le 3 Mai 1940 le "Chou" se trouvait sur la plage avec ses camarades des équipages, attendant les chars débarqués du Cuirassé sur des chalands quand des chasseurs bombardiers allemands les ont attaqués.
Les bombes tombaient partout et les balles ricochaient sur les cailloux en miaulant dans cet endroit manquant de protections. Lorsque le "Chou" a avisé deux grosses caisses entre lesquelles, après une bonne course, il pu se glisser. Là il se pensait en sécurité et avait allumé sa bouffarde chérie. Le Lieutenant qui se trouvait à plat ventre aussi sur la plage pendant ce déluge a soudain fait à "Chou" signe de s'écarter loin de ces caisses avec forces de gestes.
Le "Chou", en rampant un peu, pu lire sur le haut de chacune de ces grosses caisses "Nitroglycérine" "Hight Explosive".
Il nous racontait cette histoire en devenant encore blanc de peur rétrospective.
Ce qui prouve que la chance tient à bien peu de chose Si ce n'est à la Protection Divine.
Nous devons toucher notre char : ce sera un Sherman M 4 A2 n° 420627 , deux moteurs Diesel accouplés et réunis par un transfert après embrayages. Chaque moteur fait 175 CV, ce sont des 6 cylindres. La boite de vitesses est de marque Caterpillar et est assez dure à manœuvrer. Souvent il faut passer les vitesses à coup de pied droit sur le levier. Ma tourelle est spacieuse et la rotation est à pression d'huile très souple et précise. Le canon est un 75 m/m modèle 1917.
En arrivant sur le front Français en 1917 les Américains ont été étonnés du "rendement" du canon Français de 75 m/m sur roues. N'ayant rien d'équivalent dans leur arsenal. Ils se sont empressés d'en commander des milliers d'exemplaires à l'industrie française.
Celle-ci, surchargée déjà, n'a pas pu livrer la totalité de la commande avant la fin des hostilités en Novembre 1918. Les Américains ont donc stocké ces canons pendant plus de vingt ans avant de les monter sur les divers modèles de chars Sherman. Ce canon à ouverture de culasse à l'horizontale et automatique avec retour en batterie du tube amortisseur hydraulique et frein.
Sur le côté droit de la tourelle au poste du tireur j'ai une lunette très précise. Pour la régler, on prend comme objectif un clocher à 2 ou 3000 mètres. On retire le percuteur de canon et on découvre un orifice de 4 m/m environ.
A la gueule du canon on adapte deux cheveux en croix tenus par de la graisse. On prend une paire de jumelles et par réglage de la jumelle on essaie de voir la croix de cheveux et la pointe du clocher (dans le cas où celui-ci est pris pour modèle). En jouant avec les commandes de tourelle et de hausse de canon, sans faire vibrer quoique ce soit, on déverrouille la lunette et à l'aide des manettes de site et de hausse on amène la croix de la lunette - hausse 0- sur la pointe du clocher.
On reverrouille la lunette et le canon est réglé.
Sur le côté gauche se trouve une mitrailleuse de 30/100 d'inch soit 7,62 mm.
Elle est accolée au canon et la gâchette électrique est sur la poignée revolver de réglage de hausse.
Pour le canon la commande de tir est aussi électrique et commandée par le pied gauche.
Dans le panier de tourelle il y a 12 cartouches de 75m/m debout tenus par des demi colliers. Sous le tube et le système de freins de canon il y a un casier horizontal de huit coups de 75.
Au pied du chargeur et sur le côté gauche du char, derrière le tableau de bord du mécanicien, se trouvent les casiers de soutes de bandes de mitrailleuses.
Sur le côté gauche du char, hors du panier de tourelle, se trouve un petit groupe électrogène surnommé "petit Joseph" qui sert le cas échéant à recharger les batteries du char.
Sous la partie haute arrière de la tourelle se trouve la radio, un magnifique poste SCR 508 qui comprend : un émetteur et deux récepteurs ayant chacun 10 fréquences pré-réglées.
De plus un interphone permet à chacun dans le char de se parler sans que l'extérieur puisse entendre. Ce sera le domaine d'Arthur notre chargeur.
Sur le côté du char se trouvait les casiers d'obus.
1 à l'avant gauche, 2 sur le côté Droit et 1 en dessous de la Tourelle.
A l'avant droit du char se trouve une mitrailleuse de 30 servie par le 2ème mécanicien.
Sur le bord tournant de la porte de tourelle se trouve le support de la mitrailleuse de "50" contre les avions en principe servie par le chef de char.
Comme je l'ai dit, la rotation de la tourelle peut se faire à la main, au moyen d'un volant ou au moyen d'un mécanisme hydraulique avec commande électrique. La rotation électrique de la tourelle peut se faire à des vitesses variables dans les deux sens suivant le côté et l'importance de l'inclinaison de la poignée revolver. Ce système très précis est un atout puissant dans la rapidité de pointage du tireur.
Afin de pouvoir tirer en marchant quelque soit le profil du sol, le canon peut être pointé et maintenue d'une façon constante à la hausse donnée, par rapport à l'horizontale vraie au moyen d'un stabilisateur gyroscopique qui actionne un cylindre hydraulique compensateur de roulis et de tangage du char.
En principe l'approvisionnement en munitions collectives du char comprend :
97 obus de canon de 75 mm
6750 cartouches de mitrailleuse de 30
300 cartouches de mitrailleuse de 50.
Le choix des types d'obus ( perforants, explosifs, incendiaires) et de cartouches de mitrailleuses perforante, traceuse est l'apanage du chef de char et de son tireur.
Le "Chou" (De Schamphelaere) sur ce sujet et sur celui des lieux de stockage en char me laisse la plus entière liberté. A moi de pouvoir répondre à sa demande dans les plus courts délais.
Chacun a son périscope rotatif lui permettant de voir ce qui se passe à l'extérieur quand les écoutilles sont fermées. Dans le périscope du tireur est incorporée une lunette panoramique qui lui permet de rechercher sur un grand angle, l'objectif fourni par le chef de char et hors des moments de tir, de surveiller le secteur qui lui aura été désigné. Cette lunette se règle en même temps que la principale car pour le tireur le périscope est fixe en latéral et suit les mouvements du canon grâce à une bielle de liaison entre l'affût et le boîtier du périscope.
Le champ vertical de pointage est comme celui du canon de 25° en positif et de 10° en négatif.
Voilà pour ce qui concerne la partie offensive du char à laquelle il faut ajouter une mitraillette de 11,43 et 660 cartouches en 22 chargeurs logés au dessus du poste radio.
Ajoutons aussi 12 grenades à mains ( 4 défensives, type M2, 2 incendiaires, 4 fumigènes et 2 offensives type M3).... Ces armes servent en principe en défense très rapprochée et peuvent être mises en oeuvre par la petite porte de tourelle, sur le côté derrière le radio-chargeur. Cette porte sert aussi à passer les obus de 75 lors du ravitaillement et à éjecter les douilles vides dès que cela est possible.
Certains chars, dont le mien, possèdent sur le côté droit de tourelle, à portée du bras du chef de char et à l'extérieur, un petit mortier de 57m/m fixe incliné à 45° et une douzaine d'obus pour ce mortier fixées dans des supports. Cette arme a pour but d'aider à la défense rapprochée du char contre les fantassins ennemis terrés.
Je termine en disant que derrière le 2ème mécanicien il y a dans le plancher du char un portillon de 40 cm sur 50 cm pour évacuer le char en étant protégé contre les tirs ennemis.
Dans le cas où l'action de cet ennemi mettrait le feu dans le char il existe un appareillage extincteur à acide carbonique.
1) Mi fixe pour les moteurs
2) Mi mobile pour les compartiments tourelle et avant.
Voilà ce magnifique outil qui nous est confié et après un entraînement intense à tous les niveaux nous espérons bien faire souffrir les Boches et les Ritals.
29 SEPTEMBRE 1943
Depuis plus de trois semaines nous ouvrons des caisses et nous commençons à en avoir assez. Nous devons être relevés par un autre régiment et aller dans la forêt de Témara à côté de Rabat où la 2éme D.B. doit cantonner. C'est dans ce campement que nous utiliserons le bois des caisses pour monter nos guitounes, soit individuelle, soit collectives.
Comme nous en avions assez des rations de l'armée, nous avons décidés de faire un dégagement gastronomique dans un restaurant de la ville. Un pari au "plus gros appétit" a été fait entre Gaby Robin et le Sous-Lieutenant Galley. Celui qui calera le premier paiera le tout. le suis le juge arbitre.
Je choisi le restaurant de la "Reine Pédauque" Rue de l'Horloge. Nous y prenons tous les trois un premier repas : entrée, viande, légumes, dessert. Au moment où le garçon demande si nous voulons un café, il est stupéfait de se voir commander un 2eme repas. Notre attitude l'engage à s'exécuter rapidement. Aucun des deux n'ayant calé je leur commande un troisième repas (tout en leur signalant que le budget du pari est à zéro). Mes deux "gouffres" ayant avalé ce 3ème repas, ne calant pas et n'ayant plus d'argent il est décidé de rentrer au camp, d'y faire une gamelle de riz au gras consistant et de le partager en deux.
Sitôt dit sitôt fait et mes deux antagonistes sont attablés devant environ 500 grammes de riz au gras chacun. Avec difficulté Galley arrive à la moitié de sa ration et cale. Gaby fini la sienne et avale le reste de Galley.
C'est effarant car Gaby est maigre comme un clou et je me demande où il peut loger un tel volume de nourriture !!! C'est donc Galley qui paie.
OCTOBRE NOVEMBRE 1943
Nous apprenons à connaître notre matériel dans le détail et à être capable de le démonter et le remonter et de le dépanner dans les conditions prévisibles d'utilisation. Il faut que chaque opération devienne un simple réflexe, quelque soient les conditions où elle risque de nous être imposée.
Chaque membre d'équipage doit connaître, à la vis près, son matériel et en assurer en permanence la disponibilité pour le combat. Il nous est souvent répété que l'indisponibilité d'une arme au combat par incurie ou manque de connaissance de son équipage sera considérée comme crime et puni comme tel par le Commandement.
Dieu merci dans l'équipage chacun met tout son cœur à "avaler et digérer" tout ce qu'il y a à apprendre et le "Chou" est fier de son équipe. Je suis nommé, bien que Caporal, instructeur canon et tir de la Compagnie.
Le 11 Novembre nous défilons Avenue de la Victoire à Rabat et la prestation de la 1ère est parfaite : les "bérets noirs" n'en sont pas peu fiers.
24 DECEMBRE 1943
J'ai une permission de "24 h" pour Meknès que je passe dans une famille qui a des parents en Loire Atlantique. Je ne conserve pas de souvenirs particulier de ces deux jours, Si ce n'est d'un jeune garçon de 12-13 ans nommé René auquel j'ai dû raconter par le menu mon escapade depuis Juin 1940.
JANVIER - FEVRIER - MARS 1944
L'entraînement est intense et si l'affûtage des personnels est en rapport direct avec l'agressivité, nous devons être au point car nous devenons violents et coléreux. Nos officiers en font souvent les frais mais devaient s'y attendre car ils font tout leur possible pour ne pas relever les incartades et arrondir les angles.
C'est pendant cette période que nous avons "avalé" matin, midi et soir, très souvent des aubergines bouillies. Nous ne pouvions plus les voir ne serait-ce qu'en peinture et même notre cochon mascotte "Malenbouti" n'en voulait plus, après, il est vrai, en avoir avalé des centaines de litres en deux ou trois mois.
L'histoire de ce cochon mérite d'être contée : Il nous avait été donné à la 1ère Cie pour avaler les surplus divers de la cuisine et "fournir" plus tard un supplément très substantiel au rata quotidien. Mais il était devenu gentil et populaire à la Cie, il ne quittait jamais notre cantonnement, bien qu'il fut en liberté et après sa visite journalière à chacune de nos guitounes il retournait à son P.C., c'est à dire à la cuisine où Le Bouter et Berthou le nourrissait.
Dans le cadre de notre esprit agressif nous l'avions appelé "Malembouti", onomatopée de Malaguti, colonel, venu de je ne sais où, Commandant la Brigade chars de la 2ème D.B. à savoir 501 R.C.C. 12ème Cuirassiers et le 12ème Chasseurs (que nous appelions 12ème Nazi)
Nous étions ravis de notre animal d'autant plus que son nom claironné par tous à chaque coin du cantonnement de la 1ère pouvait être perçu par l'Etat major de la Brigade.
Alors que Malenbouti devenait "mangeable" il nous fût volé et Dieu merci pour les auteurs de ce rapt, nous ne sûmes jamais rien d'eux. Si tel n'avait pas été le cas il y aurait eu des représailles terribles tellement nous étions devenus agressifs.
Alors que la 1ère Cie du 501 se réveillait sans bruit grâce à l'obligeant passage d'un membre du Poste de Garde. Il en était autrement de la 2ème Cie du 501 dont le Capitaine de Witasse venait de prendre le commandement et qui n'étant pas au courant de nos spécificités F.F.L avait donné l'ordre que le réveil de sa Compagnie se ferait au son du clairon.
Comme celle-ci se trouvait tout près de notre compagnie, nous leur avons fait savoir que ce comportement nous indisposait et "que la liberté des uns s'arrête où elle empiète sur celle des autres". Comme nos arguments n'avaient reçu ni accueil favorable ni commencement d'exécution sur la fin de ce réveil au clairon, nous avons décidé une expédition nocturne en commando pour prendre en otage l'objet du délit.
Et afin que l'opération de "reprise" ne puisse être réversible, nous avons écrasé le "dit" instrument sous les chenilles d'un char et l'avons accroché à un arbre à leur proximité.
Il n'y a pas eu de punition !!!!
Lors de la visite d'inspection du Général de Lattre, le Commandement n'avait rien trouvé de mieux que de composer le piquet d'honneur d'Anciens de la 1ère Compagnie. Galley commandait avec Malin pour adjoint et 20 "gus" dont je faisais partie. Nous étions furieux de cette corvée et par notre air particulièrement renfrogné je pense que le Général a dû se douter de quelque chose.
En effet, selon son habitude il "contrôlait" la coupe des cheveux de ces piquets d'honneur et cette fois ci il ne l'a pas fait à la satisfaction du Colonel Malaguti, du Commandant Cantarel et du Capitaine Buis qui craignaient notre réaction si de Lattre touchait à nos bérets.
Notre voisin de cantonnement était le 12ème Régiment de Cuirassiers venant de l'armée de Vichy et récemment encore à cheval. Ils avaient gardé un esprit bêtement cavalier avec une morgue marquée pour tout ce qui n'était pas moteur à crottin.
Tout à l'heure dans le début de ce récit j'ai parlé du 12ème Nazi en lieu et place du 12ème Chasseurs. En voici la raison en précisant que cette appellation lui a été attribué par les Anciens du 501 R.C.C.
Lors des réjouissances de fin d'année 43 un certain nombre de régiments avaient organisé des "pots d'honneurs". Or ce soir là dans les sous-sol du Balima, grand hôtel sur la place centrale de Rabat, il y avait à gauche au bas de l'escalier un pot du 12ème Chasseurs alors qu'en face à droite il y avait un pot équivalent du 501e R.C.C. Au cours des "Toasts" portés par les chasseurs nous avons entendu, stupéfaits, qu'il en était porté un en l'honneur du Maréchal Pétain.
Notre sang n'a fait qu'un tour et après irruption dans leur salle nous les avons brutalement "sortis" sur la place. Cette bagarre a été assez violente et nos officiers présents ont pris part à cette opération de salubrité publique à nos côtés.
Là encore, en fonction de notre état F.F.L., de notre état de nervosité et du caractère provoquant de certains "toast" des chasseurs, il n'y a pas eu de punitions pour nous. J'ai tout lieu de penser qu'au contraire ce sont nos adversaires qui ont dû être menacés d'être exclus de la Division.
Il était urgent de souder ces 16 Régiments appelés à combattre ensemble lors de durs combats et de pertes prévisibles. En effet dans ces 16 Régiments, il n'y avait que 5 unités d'origine Forces Françaises Libres : Le 501, le Régiment de Marche du Tchad, le 3ème Rgt d'Artillerie Colonial, le Régiment de Marche de Spahis Marocains et l'Ambulance Spears. Les onze autres provenaient de l'Armée du Maréchal, comme le 12ème chasseurs, ou étaient de formation très récente comme le Rgt Blindé de Fusiliers Marins ou le 12 Rgt de Cuirassiers..
Dès l'affectation du Régiment Blindé de Fusiliers Marins à la 2ème D.B., le Capitaine de Frégate Maggiar son commandant, avait demandé au Général Leclerc l'autorisation de porter la fourragère rouge gagnée par cette unité à Dixmude en 1914.
Notre 1er Régiment de Fusiliers Marins de la 1ère D.F.L. la portait depuis Juin 1940.
Les Marins du R.B.F.M. provenaient tous de Vichy et en particuliers soit de Casablanca, d'Oran ou de Bizerte.
Le Général Leclerc n'a pas accordé l'autorisation demandée pour le motif suivant : "La Marine en Juin 1940 n'a pas continué le combat contre le seul ennemi, l'occupant Allemand, Italien et de plus alors qu'elle pouvait reprendre le combat a sabordé le magnifique outil de combat que le pays lui avait confié. Dans ces conditions l'autorisation de port de cette fourragère ne pourra être donné que lorsque leur sang versé l'aura mérité"
Le fait est que ce n'est qu'après de durs combats en France où les R.B.F.M. avaient brillamment participé qu'il ont eu l'autorisation de porter la fourragère rouge.
Ceci, malgré les efforts du Général Leclerc ne facilitait pas l'indispensable esprit de corps nécessaire au rendement optimum de l'outil de combat que nous devions être…
Des bruits d'origine incontrôlables et incontrôlés, couraient annonçant que cette situation qui devenait de plus en plus explosive, était sur le point de se solutionner.
9 AVRIL 1944
Nous préparons les chars et l'ensemble des matériels pour une Inspection du Grand Charles.
Nous sommes très fiers de cette visite et tenons à montrer que son "Vieux Royal Cambouis" mérite toujours le bien qu'il en pense.
Bien entendu c'est la 1ère qui assure la Garde d'Honneur et il y a foule aux portes pour en faire partie. Tout s'est très bien passé et nous apprenons avec une joie folle que nous foulerons dans les premiers le sol de France avec nos alliés lors du débarquement.
Nous redevenons brutalement des jeunes qui n'ont qu'une peur c'est de ne pas être à la hauteur du moment HISTORIQUE que nous allons vivre. Nous étions des "grognards" à 22 ans.
Le HARSTADT a été détruit à Brouville le 31 octobre 1944.